A partir des années 1980, les études pour évaluer les impacts d’un éventuel changement climatiques liées aux émissions humaines de gaz à effet de serre se multiplient. Elles s’appuient sur les moyens modernes mis à disposition des scientifiques. Les réseaux d’observation se multiplient. Les supercalculateurs permettent ainsi de faire un bond en avant dans la compréhension des phénomènes physiques, grâce à leur puissance de calcul.
Créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, le Groupe Intergouvernemental d’Etude sur le Climat (GIEC) est un comité en charge d’évaluer l’information scientifique, technique et socio-économique en rapport avec la question climatique et ce, sans prise de position. Il s’agit de fournir un éclairage aux décideurs, non d’être prescriptif. Le travail du GIEC se décline en plusieurs étapes. Tout d’abord, il s’agit d’évaluer le résultats issus de la littérature scientifique, puis d’identifier les limites des connaissances et les points incertains. Cela permet à terme de stimuler de nouvelles études.
Le GIEC en quelques points-clés
- 1988 : création du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat à la demande du G7
- Qui ? Représentants des pays de l’ONU, scientifiques → climatologues, socio-économistes…
- Mission : Évaluer les informations scientifiques, techniques et socio-économiques liées au changement climatique de façon neutre et objective
- Budget : 6 millions d’euros / an financé par les états membres qui contribuent de manière indépendante et volontaire
- 3 groupes de travail : 1. Principes physiques du changement climatique, 2. Impacts, vulnérabilité et adaptation au changement climatique et 3. Moyens d’atténuation du changement climatique
- Production ? Rapport d’évaluation ( 3 vol. 1500 p., 1 vol. 30 – 50 p.) et un Résumé pour décideurs (5 – 10 p.)
Le premier rapport du GIEC est publié en 1990. Il a permis de poser les bases de la création de la United Nation Framework Convention on Climate Change (UNFCCC). Plusieurs rapports se sont succédés depuis.
Les constats du 1er rapport (1990)
Selon le premier rapport, la température globale et les concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre ont augmenté entre 1880 et 1990. Les études montrent que si l’augmentation des rejets de gaz à effet de serre se poursuit, on observera un réchauffement atmosphérique important dans le siècle à venir. Dans ce premier rapport, le GIEC reste toutefois quant au lien direct entre le réchauffement déjà observé et l’attribution de ce phénomène aux activités industrielles.
Extraits
” Nous estimons que la température globale moyenne de l’air en surface a augmenté de 0,3 à 0,6°C au cours des 100 dernières années, les cinq années marquées par la moyenne globale la plus chaude se situant au cours des années 1980. Pendant la même période le niveau global des mers s’est élevé de 10 à 20 cm. Ces augmentations ne se sont pas produites de manière régulière dans le temps, ni uniformément à la surface du globe.”

“Nous avons la certitude que : 1) il existe un effet de serre naturel qui maintient déjà la terre à une température supérieure à celle qu’elle aurait autrement, 2) les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l’atmosphère des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, chlorofluorocarbones (CFC) et oxydes nitreux.
Cette augmentation renforcera l’effet de serre, intensifiant le réchauffement général de la surface terrestre. Le principal gaz à effet de serre, c’est-à-dire la vapeur d’eau, deviendra plus abondant sous l’effet du réchauffement planétaire ce qui accentuera encore ce dernier.”

“La valeur de ce réchauffement concorde dans l’ensemble avec les prévisions fondées sur les modèles du climat, mais elle est aussi du même ordre de grandeur que la variabilité naturelle du climat. Si l’unique cause du réchauffement observé était l’effet de serre anthropique, la sensibilité du climat serait alors voisine des estimations les plus basses déduites des modèles. Par-conséquent, l’augmentation observée pourrait être due en grande partie à cette variabilité naturelle ; d’un autre côté, cette variabilité et d’autres facteurs anthropiques pourraient avoir contrebalancé un réchauffement encore plus considérable dû à un effet de serre anthropique. Il se passera probablement au moins 10 ans avant que des observations nous permettent d’établir de façon certaine qu’il y a eu renforcement de l’effet de serre.“

L’accroissement des températures troposphériques (basse atmosphère) accentue les processus d’évaporation et d’évapotranspiration (= transpiration des plantes). L’eau liquide s’échappe des réservoirs de surface (océans, biosphère) pour gagner l’atmosphère sous forme vapeur. Or la vapeur d’eau est un gaz à effet de serre. Sa plus grande abondance aura donc pour effet de renforcer l’effet de serre. Cette amplification du phénomène causal est une boucle de rétroaction positive.